Elle est sole au boudoir
En bandeaux d'or liquide,
En robe d'or fluide
Sur fond blanc dans le soir
Teinté d'or vert et noir.
Un pot bleu japonise
Délicieusement
D’où s'elance gaiement
Dans l'atmosphère exquise
Où l'ame s'adonise.
Un flot mélodieux
- Selon le rhythme juste –
De roses, chœur auguste;
Bouquet mélodieux
Au conseil radieux!
Elle, belle comme elles,
Les roses, n'élit plus
Dans ses cheveux élus
Qu'une de ces fleurs belles
Comme elle, et de ciseaux
Prestes, tels des oiseaux,
La coupe ou, mieux, la cueille
Avec le soin charmant
D'y laisser joliment
La grâce d'une feuille
Verte comme le soir
Noir et or du boudoir…
Ce pendant que persiste
La splendeur, à côte,
Du plumage bleuté
De l'orgueil, qui s'attriste,
D'un paon jadis vainqueur
Aux jardins de ce coeur.
- Paul Verlaine